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  • Photo du rédacteurPittet Dominique

Visite : Domaine A. Chollet & Fils - Le Daley - Lutry


Sur les hauteurs d'Aran, situé sur la commune de Lutry, se trouve le hameau du Daley, un coin de paradis posé sur un nuage, tout là-haut, en haut du coteau. C'est là que je retrouve Alain Chollet, propriétaire du domaine A. Chollet et Fils (c'est lui le fils), sur sa superbe terrasse surplombant le Léman. La propriété, datant probablement du 16e siècle, a été rachetée par son arrière-grand-père en 1921. La surface du domaine, 3 hectares n'a que peu changé en 97 ans.

Donc quatrième génération à gérer la cave, Alain est un vigneron passionné et passionnant, amoureux de son paysage et ravi de le partager. Il produit 20'000 bouteilles par année et cela depuis 26 ans maintenant.

Comme entrée en matière, nous partons sur le chemin des capites, pour admirer la vue et profiter du superbe soleil qui inonde le vignoble en ce début octobre.

Les capites, un concept inventé il y a 20 ans, est absolument génial. Un frigo est mis à l'entrée du chemin avec bouteilles et verres en self-service. On met 10 Frs dans la crousille, on prend une délicieuse chopine de chasselas ou autre spécialité proposée et on vient se poser devant une des capites pour un moment de détente et de méditation. Mais victime de son succès, il faut être dans les premiers. Une boîte à livres et un livre d'or complètent la visite.

Sur le chemin du retour, nous discutons cépages. Les cépages clés du domaine sont le chasselas et le chardonnay. D'ailleurs, les plants de chardonnay ont été ramenés de Bourgogne après la Guerre dans les années 1940 par le grand-père d'Alain et cela bien avant l'autorisation officielle de le cultiver (qui date de 1956) sur le canton de Vaud. Le tout est agrémenté par un peu de viognier. Il y a aussi un vin doux fait de sylvaner, en très petite quantité.

Concernant les cépages rouges, on trouve du pinot noir et du plant robert, cousin du gamay, originaire de Lavaux. Mais il y aussi du galotta, cépage capable de résister à la grêle grâce à sa peau épaisse, le divico, nouveau cépage résistant aux maladies au gros potentiel, ou encore le diolinoir. Tous ces cépages vont donner un assemblage puissant et tannique avec une belle complexité.

Le domaine cultivait du gamaret et du garanoir jusqu'à récemment, mais ceux-ci ont été remplacés, et cela par un procédé intéressant. On a greffé du chasselas sur ces plants de garanoir et gamaret. La nouvelle pousse prendra le dessus et l'ancienne sera coupée au printemps.

Les vignes sont en production intégrée depuis plus de 30 ans. Un soin particulier est apporté aux plants avec un système tout à fait particulier. Il fait appel à un réseau d'amis, clients, citadins, étudiants, qui aiment participer à cette expérience, pour venir l'aider en cas d'urgence. Autrement, il gère cela avec son employé. Et pour les vendanges, il fait la même chose depuis 16 ans. Cela permet d'étaler la période, de récolter à pleine maturité et, bien sûr, d'augmenter le plaisir du moment en partageant cette expérience avec toutes ces personnes.

Un tour en cave, pour admirer le pressoir, datant de 1902 et toujours en activité, avec une pierre en granit taillé sur un bloc erratique de Montricher.


Une cave où Alain joue du saxophone devant ses cuves inox. C'est un adepte de l'élevage sans bois pour garder les typicités des cépages. Deux vieux foudres se cachent dans un coin, encore utilisés pour faire gagner un peu d'ampleur aux rouges sans les dénaturer.

Mélomane et musicien, il joue une heure par jour de son saxophone dans sa cave sur la période des fermentations d'octobre à janvier (excellent acoustique et les vins on l'air de bien aimer). Il a d'ailleurs pu impressionner des chinois lors d'une visite et a pu, de ce fait, exporter ses vins jusque dans l'empire du milieu, avec la mention, "élevé en musique".

Alain est une personne qui a des idées et qui aime les partager. Grâce à lui, a vu le jour, le petit train des vignes, le Lavaux Express, ou encore le parcours-jeu Vign'Heroes, qui emmène les gens dans la peau d'un vigneron. Il me parle des jolis succès que sont devenus les caves ouvertes vaudoises, le caveau des vignerons d'Aran qui existe depuis plus de 30 ans, avec des manifestations connues loin à la ronde comme la soirée Huîtres (12'000 huîtres consommées ce jour-là, 10 ouvreurs aux couteaux) à la fin novembre (le 24 en 2018) ou à la Saint-Vincent en janvier (le 26 en 2019).

On évoque également le prix du vin clair en forte baisse cette année (sujet abordé par de nombreux vignerons) et de la place de mal aimé des vins suisses (totalement injustifiée). La discussion porte également sur le millésime 2018, qui s'annonce très bien sur les rouges, et un peu plus difficile sur les blancs, l'acidité étant assez basse (3 gr/l au lieu des 4 voir plus sur une année froide, un peu comme 2003). Il faudra sans doute jouer sur le savoir-faire du vigneron pour pouvoir garder une certaine fraîcheur dans ces chasselas. On note d'ailleurs que le vignoble change de couleur très vite, fatigué par la sécheresse de l'été et n'ayant plus de fruit, il s'endort rapidement. Ici, au Daley, la pluie n'est pratiquement plus tombée depuis mi-juin.

Le temps de manger arrivant, je prends congé. Je le remercie pour l'accueil et le moment de partage très agréable. Encore une fois, je recommande chaudement ce domaine, que ce soit pour le lieu, les personnes ou la qualité des vins.

Vin dégusté :

Chasselas Le Daley 2016

Un vin bien rond, avec un joli coté floral et une douce minéralité. Un vin parfait pour l'apéritif, avec son goût de reviens-y.

A noter également une salle de dégustation, également équipée pour les séminaires, pouvant accueillir jusqu'à 30 personnes.


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