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  • Photo du rédacteurPittet Dominique

Dégustation : Soirée Bourgogne chez les Epicurvins

Dernière mise à jour : 18 nov. 2020


Programme chargé pour nos papilles en ce début mars, deux dégustations coup sur coup de grands Bourgognes ont occupé nos soirées. La première a été organisée par l’association des Epicurvins, dont je vous ai déjà parlé ici, et l’autre par votre serviteur. Et on peut dire que l’on s’est fait plaisir.


Jeudi 28 février, Brasserie du Lausanne-Moudon, Place du Tunnel à Lausanne


Le rendez-vous est fixé à 19H00, pour une soirée bourguignonne, autant dans les verres que dans les assiettes. Une trentaine de membres de l’association est présente pour une visite de quatre villages, Pommard, Côte de Beaune, Nuits-Saint-Georges, Chambolle-Musigny et Gevrey-Chambertin en Côte de Nuits. L’idée de mettre en rapport une appellation village et un 1er cru dans des années assez récentes, 2009-2014, le tout accompagné d’un repas typique de la région, comprenant une entrée œuf/champignon, un bœuf bourguignon en plat principal et fromages enfin.





Le voyage commence à Chablis, avec en apéritif un Petits Chablis du Domaine Samuel Billaud, fort agréable, frais, notes iodées et pétrole, qui réveille agréablement les papilles.








Enfin nous commençons à Pommard, avec deux bouteilles du même producteur, le Domaine de Courcel, sur le même millésime.


Le Domaine de Courcel est présent à Pommard depuis quatre siècles et appartient à la même famille depuis sa fondation. Il est composé de 10 hectares et demi et produit principalement des 1er crus, sur 75% de la surface (Grand Clos des Epenots, Les Rugiens, Les Fremiers et les Croix Noires). Le reste est en appellation village ou générique en rouge et blanc. 30'000 bouteilles sont vendues chaque année, donc un rendement relativement bas de 25 hl/ha. C’est un domaine noté 3 étoiles au guide vert de la revue des vins de France 2019. Les vins de ce domaine sont connus pour être d’excellents vins de garde, en particulier les grands crus.





DOMAINE DE COURCEL : POMMARD

1er CRU « GRAND CLOS DES EPENOTS »

2013 – 105.00 Fr

Un vin charnu, avec un fruit un peu fermé et avec une masse tannique encore en gestation. Du coup, après une entrée en bouche puissante, la finale nous retourne beaucoup d’amertume et un côté terreux. Malgré cela, on ne peut que s’émerveiller de la qualité de la matière et on en rêve pour dans 10 ou 15 ans.





DOMAINE DE COURCEL :

POMMARD « Les Vaumuriens »

2013 – 65.00 Fr

Ici également, un vin au fruité agréable et à l’équilibre intéressant, tiré d’une parcelle contiguë aux Rugiens, du côté de Volnay, mais aux tanins encore trop serrés et secs. A laisser reposer ou à carafer longuement.




Les deux vins sont tous les deux sur la retenue, et même si l’appellation village semble plus agréable, la densité et la longueur de 1er cru le surpasse, si on fait abstraction des tanins.

 

Nous arrivons ensuite à Nuits-St-Georges, aux portes sud de la Côte de Nuits. Ici, c’est deux producteurs locaux différents qui s’affrontent, le Domaine Lécheneaut et le Domaine de l’Arlot.


Le Domaine Lécheneaut est géré par les frères Philippe et Vincent depuis 1986 et navigue dans un style classique mais efficace. Le vignoble de 10 hectares produits un peu plus de 50'000 bouteilles sur 18 appellations, en rouge et en blanc, dont plusieurs 1er et Grands Crus principalement sur N-s/G et Morey-Saint-Denis. Il est noté 1 étoile à LaRVF 2019.




DOMAINE LÉCHENEAUT :

NUITS-SAINT-GEORGES VILLAGE

2009 – MAGNUM – 44.00 Fr

Un vin au plaisir immédiat, pulpeux, généreux, gourmand. Ça transpire le soleil et le fruit le tout dans une belle harmonie et une finale toute en douceur. A boire dès maintenant et excellent rapport qualité prix.



Le Domaine de L’Arlot, situé au sud de N-s/G sur 15 ha, date du 18e Siècle et est maintenant propriété du groupe AXA via sa filiale AXA Millésime depuis 1987. Il possède deux premiers crus en monopole, le Clos de l’Arlot, qui a donné le nom du domaine, et le clos des Forêts. Il possède également des vignes à Vosne-Romanée en 1er (Les Suchots) et en Grand Cru (Romanée Saint-Vivant). Il produit 60'000 bouteilles par an, donc des blancs sur N-s/G de grande renommée. La direction est assurée par Christian Seely et Géraldine Godot, directrice technique, qui est en place depuis 2014. 2 étoiles à LaRVF 2019.



DOMAINE DE l’ARLOT :

NUITS-SAINT-GEORGES

1er CRU DES FORÊTS

2011 – 70.00 Fr

Un nez intense et fin sur la cerise et la fraise. L’attaque en bouche est plutôt chaude, le boisé est maîtrisé mais les tanins sont encore fermes. Il s’améliore dans le verre et tant vers un équilibre assez fin.



La gourmandise du village, son soyeux et son harmonie, passe devant la finesse du 1er cru, qu’il faudra attendre un peu.

 

Village suivant, Chambolle-Musigny, (on saute Vosne-Romanée, snif...) et ici aussi, deux producteurs et deux millésimes différents s’affrontent.


Le Domaine Thibault Liger-Belair, situé à Nuits-Saint-Georges, a été créé par le père de Thibault, Vincent en 1982 sur les ruines de la maison de négoce de son père, qui elle datait du 19e Siècle. Thibault est aux commandes des 14 ha, depuis 2001 et est devenu une référence, tant par sa qualité que son engagement pour le bio. Ses vins sont réputés pour leur style élégant et raffiné. Les vignes sont situées sur Aloxe, Chambolle, Nuits, Gevrey et Vosne, avec des grands crus tels que Corton, Richebourg, Clos de Vougeot ou encore Charmes-Chambertin et produit environ 30'000 bouteilles. Il possède également passablement de vignes dans le Beaujolais en Moulin-à-Vent principalement. 2 étoiles à LaRVF 2019.


DOMAINE THIBAULT LIGER-BELAIR : CHAMBOLLE-MUSIGNY

2016 – 69.00 Fr

Un vin d’une grande souplesse et de grande finesse, qui affiche la maîtrise du vigneron et l’excellent état de maturité de la vigne sur ce millésime. Pour moi, une grande réussite, une plaisir immédiat pour un vin qui ne demandera pas 10 ans pour être apprécié. N’est-ce pas Henri Jayer qui a dit qu’un bon vin devait l’être à tout âge. On appréciera particulièrement la précision et la gourmandise du fruit, la maturité et la douceur des tanins et l’harmonie de la finale. Allez hop, quelques bouteilles pour la cave !! Je me réjouis de le revoir dans 5 ans et sans doute 10, en me demandant si cela peut devenir meilleur.


Le deuxième domaine est celui de la famille Geantet-Pansiot, à Gevrey-Chambertin, Père, Fils et Fille. Des vignerons partisans d’extraction poussée et d’élevage costaud, ce qui lui a coûté leur étoile à la Revue des Vins de France, pour cause d’austérité et d’amertume marquée. Ils possèdent une large gamme de Grand Crus et 1er Crus sur Gevrey, Chambolle, Vougeot et Marsannay avec 18 ha au total et 80'000 bouteilles produites par millésime.


DOMAINE GEANTET-PANSIOT : CHAMBOLLE-MUSIGNY

1er CRU « LES BAUDES »

2014 – 95.00 Fr

Pour ce premier cru situé en dessous des Bonnes Mares, on retrouve un vin dense, avec effectivement des notes empyreumatiques marquées au nez. On appréciera la puissance des tanins et leur maturité, avec une longueur intéressante marquée par une bonne amertume. Mais pour le fruit, ce n’est pas encore cela. A laisser reposer, en espérant que l’intégration se fera harmonieusement.





Le vainqueur ici est sans conteste celui de Thibault qui a séduit plus d’une personne à notre table.

 

Au terme de la route des grands crus, on arrive maintenant à Gevrey-Chambertin, capitale des Grands Crus, avec pas moins de 9 sur 32 (33 si on compte Chablis). Ceux-ci sont tous au sud, à la sortie de Chambolle, les premiers crus se situant au nord du village. Ici, aussi, nous aurons deux domaines et deux millésimes côte à côte.

On commence par le domaine David Duband. Créé en 1991 par l’homme d’affaire François Feuillet, propriétaire de la marque Trigano (caravanes et remorques), il le confie à David Duband, dont la famille s’occupait déjà des vignes, principalement à Nuits-Saint-Georges. Il ajouta des parcelles à Vosne, des Grands Crus à Gevrey et surtout 7 ha au Clos de la Roche à Morey, pour un total d’un peu plus de 20 hectares. C’est un domaine aujourd'hui très bien côté, avec 3 étoiles à LaRVF, et une reconnaissance mondiale depuis une dizaine d’année.


DOMAINE DUBAND DAVID :

GEVREY-CHAMBERTIN

2016 – 58.00 Fr

Le nez est un mélange de fruits noirs et de boisé torréfié. En attaque, on note une certaine fraîcheur, bonne largeur en bouche, des tanins un peu trop présents mais une bonne longueur. Un vin plaisant mais qui fait dire OK, pas mal.



Son concurrent vient du domaine Faiveley, un mastodonte datant de 1825 avec 120 hectares en propriété et bien plus en fermage. Malgré sa taille, c’est un domaine familial depuis 7 générations. C’est d’ailleurs Georges Faiveley, avec Camille Rodier, qui en 1934, créent la Confrérie du Tastevin, société œnologique, ayant pour but le renouveau de la Bourgogne après la crise de 1929. But atteint il semble. Le renouveau du domaine est aussi à l’ordre du jour, avec depuis 2005, la dernière génération au commande et une première étoile à LaRVF gagné en 2019, qui récompense le travail de la dernière décennie.

DOMAINE FAIVELEY :

GEVREY-CHAMBERTIN

1er Cru « Les Cazetiers »

2014 – 69.00 Fr

Le nez est agréable sur le cassis et un léger boisé. En bouche, cela a la charpente d’une cathédrale. Cette matière compacte, servie par des tanins fermes et pas encore intégrés, traverse le palais tel un gros cube. Ça secoue et excite les papilles. La finale est de bonne longueur, mais il lui faudra du temps pour s’assagir. Par contre, avec une belle pièce de viande, je ne dis pas non.

Le 1er cru remporte le round aux points avec une belle avance, par sa puissance et son envie de le combiner à un bon repas.

 

La dernière paire est dégustée à l’aveugle, mais nous savons que nous restons sur les quatre villages. Et j’ai un peu triché, comme j’ai apporté une bouteille ce soir, je sais qu’elle est parmi celles-ci :


1er Vin – C’est un pinot pour sûr, mais impossible de le rattacher à un village. Il a au nez une certaine finesse, que je mettrais à Vosne, en bouche, c’est sur les fruits acidulés et l’élégance, mais le volume est assez léger. La finale est très agréable, fruitée, souple et harmonieuse. Au final, je dis Gevrey mais sans conviction et je suis assez sûr que ce n’est pas ma bouteille.


2ème Vin – Un nez très intense, de cerise, menthe, lard, framboise nous accueille. Je le mets directement sur mon vin. En bouche, la structure est puissante, avec des notes d’élevage qui commencent à s’intégrer. L’équilibre est bon et le vin est porté par des tanins nobles et matures. La finale est particulièrement longue.


Notre président, Mathieu Blanc, nous enfin dévoile les deux bouteilles, et bien sûr qu’il y avait un piège.


Le premier vin est un VALAISAN, du domaine Histoire d’Enfer, domaine bien connu pour ses vins exubérants et très stylés « bourgogne ». Ce Pinot Noir « L’Enfer de la Passion » 2014 est une belle réussite à ce stade. Il est vendu 50.00 Fr.










Le deuxième vin est bien le Mazis-Chambertin du domaine Tortochot de Gevrey 2012 que je pensais avoir deviné. Ce domaine de 11 ha principalement sur Gevrey est tenu par Chantal Tortochot depuis 1996. Il s’est converti en Bio depuis 2003 et délivre des vins plaisants et de très bonne qualité pour un prix compétitif. Ce Grand Cru se vend 165 Fr sur le millésime 2016.




Et ici, c'est le Mazis qui fait l'unanimité par sa puissance et sa longueur, mais notre valaisan a ses qualités.


 

Ainsi se conclue cette soirée bourgogne des Epicurvins. A la prochaine, le 21 mars, pour une verticale de syrah valaisanne de Simon Maye. Santé !!


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